Séminaire de rentrée « Anna-Eva Bergman – l’écriture de soi », du 23.09.2019 au 25.09.2019 à Antibes.

Une peinture de contemplation : telle est souvent la manière dont on décrit la peinture de Anna-Eva Bergman, cet « art d’abstraire » qu’elle développe des années 1950 à la fin des année 1980. Des formes simples, iridescentes, s’imposent au spectateur, majestueuses, au cœur d’un vécu perceptif par définition immédiat, incommunicable. Une peinture contemplative donc, parfois assimilée à une forme d’expérience mystique, autrement dit : rétive au discursif, étanche à la médiation du langage. Et pourtant : l’écriture fut au cœur de la vie de l’artiste franco-norvégienne. Il est certes fréquent que la pratique artistique – en particulier celle de la peinture abstraite – s’accompagne de propos sur l’art offrant des clés de lecture des œuvres ; Anna-Eva Bergman s’inscrit à ce titre dans la tradition du peintre livrant des considérations sur son travail, et plus généralement une approche philosophique, parfois ésotérique, du monde. Mais le paradoxe de l’artiste se situe au-delà, ou, devrait-on dire, en-deçà : il devient flagrant dès lors que l’on considère la première partie de sa carrière dédiée au dessin d’illustration et à la caricature qui va des années 1920 à la fin de la guerre. Ce pan de l’œuvre, sans doute aujourd’hui moins connu que sa peinture, quoique redécouvert, n’a strictement rien à voir avec une expérience contemplative. Bien au contraire, ses dessins truculents, qui se lisent plus qu’ils ne se regardent, sont de l’ordre du récit : ils donnent à voir des scènes de vie tirées du quotidien et laissant apparaître la singulière personnalité de Bergman et son regard mordant sur ses contemporains. Bergman raconte, se raconte et devient témoin de l’Histoire : des années folles aux années noires, c’est toute une sociologie, des us et des coutumes, l’esprit d’un temps et d’un lieu qui affleurent sur le papier. Aussi cet œuvre dessiné relève-t-il de l’écriture de soi, au même titre que les nombreux écrits qui ont jalonné la vie de Bergman : des carnets de jeunesse à sa correspondance, en passant par les livres et articles qu’elle illustre et publie avec plus ou moins de succès, et jusqu’à ses carnets d’ateliers ou ses mémoires dictées dans les années 1980, un corpus autobiographique se dégage et fait de l’écriture de soi un thème proprement bergmanien. Quelles relations tisser entre ses écrits et son œuvre dessiné ? Quelle signification prend l’écriture de soi après le tournant abstrait des années 1950 ? Autant de question qui serviront de point de départ à nos réflexions.

Le séminaire de rentrée de la Fondation Hartung-Bergman intitulé « Anna-Eva Bergman – L’écriture de soi » proposera en premier lieu une cartographie de ce corpus.  Fidèle à sa tradition d’ouverture et de transdisciplinarité, il s’agira de réunir différentes personnalités des arts et des sciences humaines – historien.ne.s, historien.ne.s de l’art, écrivain.e.s, artistes – pour apporter des perspectives actualisées sur cette figure du 20ème siècle et poser à nouveau frais cette question : pourquoi et comment écrire pour un artiste ?

Participant.e.s : Claire Barbillon, Eva Belgherbi, Catherine Coquio, Sabrina Dubbeld, Christine Lamothe, Colin Lemoine, Annette Wieviorka et Mâkhi Xenakis.

Pour découvrir les synopsis des interventions, cliquer ici.

Photo en page d’accueil : Anna-Eva Bergman dans son atelier de la rue Gauguet, Paris, 1964 © Eddy Novarro, archives de la Fondation Hartung-Bergman.

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