« L’art en France à la croisée des cultures »
Du 24 au 26 octobre 2016
Séminaire de recherche annuel de l’équipe du Centre Allemand d’Histoire de l’Art / Deutsche Forum für Kunstgeschichte (DFK)
Direction : Thomas Kirchner et Elvan Zabunyan
Coordination scientifique : Déborah Laks et Nele Putz
Le voyage d’étude du 24 au 26 octobre 2016 posera les bases de travail du sujet annuel 2016/2017 « L’art en France à la croisée des cultures ». Au cours des trois journées de ce séminaire, les boursiers présenteront leurs projets de recherche en détail. L’analyse et la discussion qui en découleront avec les participants de l’atelier permettront d’approfondir et d’enrichir le débat collectif.
La visite des ateliers des artistes commentée par Thomas Schlesser, directeur de la Fondation, sera le point de départ de ce voyage d’étude.
« L’art en France à la croisée des cultures »
Le Centre allemand d’histoire de l’art Paris consacre son sujet annuel 2016/2017 aux liens entre l’art en France et celui d’autres régions du monde. Depuis toujours, la France est au confluent de différentes cultures. Les relations avec les pays voisins, notamment l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et les Pays-Bas, font déjà l’objet d’études fouillées dans le domaine de l’histoire de l’art. Il s’agira donc d’orienter davantage la focale sur les interactions avec des territoires d’autres continents, en particulier l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie. S’il ne serait pas possible de penser les échanges dans lesquels s’est inscrit l’art en France indépendamment de la politique coloniale de l’hexagone ̶ qui, depuis le XVIème siècle, s’est efforcée avec un succès variable de donner au pays la stature d’une grande puissance ̶ le sujet annuel a expressément vocation à inclure aussi des projets se situant hors des frontières de l’empire colonial français. De même, il conviendra de porter le regard au-delà de Paris, afin de prendre en considération d’autres hauts lieux de rencontres transrégionales que la seule « capitale du XIXème siècle ». Sur le plan de la chronologie, l’attention portera sur le XIXème et le XXème siècle.
Différents axes de recherche s’offrent aux candidats. Les régions du sud de la France étaient le théâtre d’intenses échanges culturels et artistiques avec l’ensemble de l’espace méditerranéen. Par ailleurs, les relations avec certaines régions d’Afrique ont été renforcées par la politique d’expansion coloniale menée depuis la période napoléonienne, et il en a été de même pour l’Asie du Sud-Est à partir du Second Empire. La place des Caraïbes (en particulier des Antilles françaises et de Haïti) ou encore de la Polynésie se révèle également cruciale pour la création d’espaces artistiques en correspondances avec la France. En revanche, c’est sur une toile de fond entièrement différente que se sont développés les liens avec les pays d’Amérique latine, qui ont obtenu leur indépendance dès le début du XIXème siècle. Des contacts intensifs existaient également avec les cultures asiatiques, ce dont témoigne entre autres le musée Guimet à Paris, qui possède la plus grande collection d’art asiatique hors de l’Asie. L’histoire des collections d’art extra-européen en France, la représentation de pays d’autres continents dans les expositions universelles, les voies d’échanges, la mobilité des artistes et des œuvres, l’analyse des influences extra-occidentales sur les pratiques artistiques en France, la circulation des savoirs permettant de constituer une historiographie renouvelée, les questions propres au marché de l’art et les liens institutionnels sont autant de thématiques de travail possibles.
Du point de vue méthodologique, la place centrale donnée par le projet à la France et aux interrelations de son art avec celui d’autres régions du monde ne doit pas conduire à prendre pour point de départ des modèles narratifs hiérarchisants. L’enjeu est bien plutôt de s’intéresser aux questions d’appropriation et de démarcation, de révision et de traduction des développements et processus qui rattachent l’art produit en France à celui d’autres parties du monde.
Illustration : Hans Hartung, [Sans titre], 1939, crayon et pastel sur papier, collection Fondation Hartung-Bergman