C’est un événement crucial que la galerie Perrotin propose du 12 juin au 31 juillet 2021. Pour la première fois, une rencontre Rothko-Hartung sera l’objet d’une exposition à part entière, ce sujet inédit est pourtant essentiel pour comprendre une part de l’art du XXe siècle. En effet, alors que l’Europe et les États-Unis se concurrencent pour dominer la scène de l’art après la deuxième guerre mondiale, Rothko et Hartung tissent un lien discret et cependant amical et surtout très fertile.
Dès avril 1950, Rothko se rend dans l’atelier de Hartung à Paris, alors même que celui-ci est en train d’exposer à New York, où il a commencé à être collectionné dès les années 1930. Rothko et Hartung partagent beaucoup de points communs : nés respectivement dans l’Empire russe en 1903 et en Allemagne en 1904, ils sont tous deux des exilés, bouleversés au plus profond de leur être par l’Histoire, et ils voient dans la peinture abstraite, une manière de congédier leur hantise et de toucher au sublime. Ils partagent des passions communes : Rembrandt et la musique du XVIIIe siècle : Hartung adule Bach ; Rothko vénère Mozart.
Qu’a vu Rothko dans l’atelier de Hartung ? C’est l’une des découvertes qu’offre cette exposition. Mieux encore, elle raconte la « leçon » de Rothko. Car, en plus d’exprimer toute son estime à son camarade franco-allemand, Rothko lui prodigue un conseil avisé : laisser des surfaces flottantes de couleurs sans y ajouter de graphisme. Hartung s’essaiera à cette voie treize ans plus tard, juste après avoir vu la rétrospective consacrée au peintre américain en 1962-1963 à Paris. 1963, c’est l’année décisive autour de laquelle l’exposition de la galerie Perrotin fera sa confrontation avec quatre tableaux de Hartung et, peint au même moment, N014 Browns over dark de Mark Rothko que le musée national d’art moderne – Centre Pompidou – prête de façon tout à fait exceptionnelle.
L’exposition montrera également les portraits photographiques que fit Hartung de Mark et Mary Alice Rothko lors de sa visite à New York en 1964, des pièces d’archives rares et, parmi les tableaux, une œuvre unique de 1982, jamais présentée jusqu’alors. Elle cherchera aussi, à travers un documentaire dans lesquels on retrouve notamment Christopher Rothko, le fils de l’artiste, les historiens de l’art David Anfam, Pauline Mari et Pierre Wat, à raconter d’autres généalogies que celles que l’on croit connaître. Ainsi, Clement Greenberg, l’inventeur du concept de color-field painting, estimait lui-même que Hartung avait été dès les années 1940, un modèle de spontanéité et de liberté pour les peintres de cette génération.
« Rothko-Hartung, une amitié multiforme »
Du 12 juin au 31 juillet 2021
Galerie Perrotin
10 impasse Saint-Claude
75003 Paris