« Hartung 80 », du 12 juin au 31 juillet a la galerie Perrotin.

Fantasmagorique, explosive, aérienne, vitaliste ; la terminologie qui permet de qualifier la production de Hans Hartung dans les années 1980 est complètement à rebours de ce qu’on pourrait imaginer d’une « dernière période » d’un artiste. Au fil de nombreuses variations et expérimentations techniques, et notamment l’usage de différents types de projections de peinture (pistolets airless, tyroliennes ou sulfateuses), Hartung réalise des œuvres d’une ampleur inédite : il s’y combine une expression de liberté intégrale et, grâce à une mémoire procédurale et plus six décennies de précision du geste, une cohérence parfaite avec ce qu’il a créé toute sa vie. Les années 1980 constituent l’accomplissement ultime de son abstraction ; émancipation des formes, énergie maximale du trait, association de l’accident et de la maîtrise virtuose.
À la galerie Perrotin, sur un découpage en sept séquences organisées par types de formes et de techniques, l’occasion sera donnée de découvrir plus en profondeur cette partie trop méconnue de l’œuvre de Hartung dont la rétrospective au Musée d’art moderne de Paris de 2019 avait déjà montré toute l’envergure.
Sur le plan biographique, Hartung élabore et renouvelle ses techniques entre ses 75 et ses 85 ans dans le cadre de son atelier d’Antibes, où il dispose d’un espace adapté à ces expérimentations. Il est capital de rappeler que l’artiste est diminué physiquement par la vieillesse et son amputation consécutive à la guerre mais qu’il garde sa prodigieuse énergie vitale et morale ; en outre, étant une figure consacrée dans le monde entier, il n’est à la recherche d’aucune autre satisfaction que le bonheur de produire l’abstraction la plus inventive et la plus affranchie de tout regard extérieur.
Sur le plan historique, les tableaux de cette période ont été certes montrés dans les années 1980 et dans les années 1990 mais ont néanmoins connu un long purgatoire critique. L’intérêt à leur endroit est réapparu récemment. Il a été porté d’une part par des redécouvertes institutionnelles (l’exposition Hartung et les peintres lyriques à Landerneau ainsi que l’acquisition de quatre œuvres de 1989 par le Musée d’art moderne de Paris en 2016-2017) mais aussi par l’expression d’une profonde admiration de la part d’artistes contemporains ; entre autres Christopher Wool, Katharina Grosse et Larry Clark.
Enfin, à l’occasion de cette exposition, aura lieu une performance exceptionnelle d’Abraham Poincheval lors de laquelle l’artiste sera enfermé dans un habitacle sans pouvoir bouger pendant une semaine, devant une seule et même œuvre de Hans Hartung de 1989.
« Hartung 80 »
Du 12 juin au 31 juillet 2021
Galerie Perrotin
76 rue de Turenne
75003 Paris

Partager l'article sur les réseaux sociaux

Facebook