Le programme 2022-2023 a pour thématique : « Sciences et abstractions ». Si l’on considère la genèse de l’abstraction, chez Kandinsky, Malevitch, Kupka, Mondrian et Klee, les découvertes en matière de physique (Einstein, école de Copenhague…), les plongées au cœur d’organismes microscopiques (Haeckel…) ou encore les promesses de conquête spatiale à venir (Constantin Tsiolkovski…) jouent un rôle considérable. En outre, aux sources mêmes des démarches abstraites (ou abstractisantes) de Hartung et Bergman, les sciences sont une composante cruciale : l’astronomie – discipline à laquelle il voulut se destiner avant de devenir peintre – pour le premier ; les mathématiques – et notamment les potentiels expressifs du nombre d’or – pour la seconde. Sans exclure catégoriquement les sciences humaines, le programme cherchera plutôt à convoquer ce qui relève des sciences de la nature et des sciences formelles (ce que l’on qualifie trivialement de « sciences dures »). Plus précisément le programme est de deux ordres : (1) un état des lieux, sinon une rétrospection, sur les grandes études menées lors des deux dernières décennies sur la question et les conclusions les plus saillantes qui s’en sont dégagées, (2) des propositions nouvelles sur l’histoire de l’abstraction en la liant en particulier à celle de la médecine, de la psychiatrie et des neurosciences.
Séminaire 1 : Percevoir l’abstraction, retour et conclusions sur l’expérience d’Abraham Poincheval
Ce séminaire serait dans la continuité des trois rencontres qui ont déjà eu lieu pour traiter les données récoltées au terme de la performance d’Abraham Poincheval et réunirait autour d’Yves Sarfati, les professeurs Sylvie Royant-Parola et Thomas Rabeyron afin d’avoir leurs conclusions sur les apports de cette expérience dans la connaissance du fonctionnement neurocérébrale devant une œuvre abstraite.
Séminaire 2 : L’art abstrait entre sciences, para-sciences et sciences-fictions
Il s’agira de dresser le panorama des recherches et les nouvelles perspectives sur les liens entre sciences, para-sciences (hypnose, télépathie…), sciences-fictions (romans et films d’anticipation…) et abstraction à travers un corpus couvrant l’ensemble du XXe siècle : Hans Richter, Sonia et Robert Delaunay, Wols, Camille Bryen, Nicolas Schoffer, Victor Vasarely…
Séminaire 3 : Géométrie, nombre d’or, architectures et abstraction
Que l’usage des mathématiques soit crucial dans l’architecture est une banalité sans grand intérêt. En revanche, en partant de l’usage plus méthodique du nombre d’or chez Hartung, Bergman, ainsi que chez de nombreux autres artistes comme Ozenfant ou Le Corbusier (nombre lui-même associé aux édifications sacrées antiques et médiévales), on voit comment peuvent se construire parallèlement une œuvre picturale abstraite, d’apparence coupée du monde et non-fonctionnelle, et des projets architecturaux fonctionnels, ancrée dans l’existence quotidienne.