Pierre Boulez, la musique et l’espace
Bergman et Hartung sont ce qu’il convient d’appeler des mélomanes. Ils ont, l’un et l’autre, pratiqué le piano dans leur jeunesse et, surtout, leur vie quotidienne ainsi que leur travail en atelier sont baignés d’une constante atmosphère sonore : beaucoup de baroque et notamment Bach, dépositaire, selon les mots magnifiques de Bergman, d’« une sorte de piété cosmique. » Ils avaient aussi un grand intérêt pour la musique plus contemporaine : Varèse ou Stockhausen, par exemple. Ils écoutaient par ailleurs Pierre Boulez, compositeur essentiel pour toute une génération d’artistes de l’après-guerre, en ceci qu’il intègre l’espace à sa conception. Structures I (1952) est réputée être une oeuvre charnière du XXe siècle, où s’applique une sérialité intégrale : hauteurs, durées, dynamiques et attaques sont régies par des séries mathématiques strictes, éliminant toute expression subjective.
Pierre Boulez, music and space
Bergman and Hartung were music lovers. They both played the piano in their youth and, most significantly, their daily life and work in their studio took place in a constant atmosphere of sound: a lot of baroque music, especially Bach, whose music, in Bergman’s wonderful phrase, holds ‘a kind of cosmic piety’. They were also very interested in more contemporary music: Varèse or Stockhausen, for instance. In addition, they listened to Pierre Boulez, who was an essential composer for an entire generation of post-war artists through his integration of space into his conception of music. Structures I (1952) is said to be a pivotal work for the 20th century, one that applies complete serialism: the pitches, durations, dynamics, and attacks are controlled by strict mathematical series, eliminating all subjective expression.